
Herbier
L'idée d'un herbier est venu afin de mieux rendre compte de la relation entre nature et agriculture à Steenvoorde. Traditionnellement, un herbier est la présentation de plantes séchées, classées et anatomiquement analysées, qui sont utilisées pour l’étude de la botanique. C'est toutefois une autre approche que j'ai adopté, qui n’utilise pas toute la finesse de la catégorisation et de la nomenclature latine, ni toute la dextérité du vocabulaire botaniste pour décrire les plantes. L'agriculture étant un travail avec des plantes, cet herbier est la tentative de mieux présenter ces actrices, leur chemin, leur histoire. De surcroit, les manières de se rapporter à elles ont des conséquences. Les plantes ne sont ni immuables, ni immortelles, ni autarciques. Enquêter sur les espèces qu’on cultive, c’est s’immerger dans l’histoire de nos interdépendances à d’autres espèces, où la disparition et la promotion d’une espèce en entraîne d’autres. Cet herbier est donc aussi un essai pour représenter la manière dont elles sont affectés par les relations entretenues avec elles.
Les plantes de cet herbier sont toutes issues de la commune de Steenvoorde. Ce sont des espèces sauvages et cultivées. Elles sont tout ce qu'il y a de plus commun, mais aussi de rares et disparues. Ce faisant l'herbier essaye de toucher, de jouer avec l'économie de notre attention quotidienne. Nous passons devant ces plantes usuellement, parfois même sans les remarquer. Et pourtant, c'est dans leur ordinarité que se trouvent certains de leurs exploits. Avec les planctons, elles participent à produire l'air que nous respirons à chaque instant. Grâce à la photosynthèse, elles sont le premier maillon de toute chaîne alimentaire. Alors qu'elles ne sont souvent qu'un discret arrière-plan, nos vies sont intimement liées à celles des plantes, et elles sont douées de capacités si originales d'un point de vue non végétal. Ainsi en les représentant, c'est également une attention à l'ordinaire qui est explorée.